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Ecologie et climat : quel est le bilan d’Emmanuel Macron ?

May 12, 2023May 12, 2023

Agriculture, Climat, Forêts, Nucléaire, Océans

« Make Our Planet Great Again »… Ce discours, prononcé moins de deux mois après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française, aura-t-il été suivi d’effets concrets et mesurables ? A l’heure du bilan du quinquennat, avant une nouvelle élection présidentielle, nous avons passé au crible la politique d’Emmanuel Macron sur des secteurs clés pour le climat et l’environnement. Au-delà des discours, quels ont été les actes de ce quinquennat et où en est aujourd’hui la France en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le changement climatique ? Réponse sans concession à 7 questions clés.

7 questions climat et environnement pour 5 ans de présidence d'Emmanuel Macron

En résumé

« Je réaffirme clairement que l’Accord de Paris reste irréversible et qu’il sera appliqué pas seulement par la France, mais par toutes les autres nations ». Cet engagement solennel, Emmanuel Macron l’a prononcé moins de deux mois après avoir été élu, le 1er juin 2017, dans une vidéo en anglais diffusée sur Youtube. Le président français interpellait directement Donald Trump, qui venait d’annoncer le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Il s’opposait frontalement au « Make America Great Again » du président américain en clamant son fameux « Make Our Planet Great Again ». Cinq ans plus tard, qu’en reste-il ? Pas grand chose.

Le bilan d’Emmanuel Macron sur ce point est clair et net : la France n’a non seulement pas joué le rôle moteur que prétendait lui donner le président fraîchement élu, mais elle a aussi piétiné ses propres engagements. La France, comme tous les États signataires de l’Accord de Paris, s’était engagée en 2015 sous la présidence de François Hollande, à tout mettre en œuvre « pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ». Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, la France a accumulé un retard considérable dans la lutte contre le changement climatique. « En raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler », estime le Haut Conseil pour le Climat, une institution pourtant mise en place par Emmanuel Macron lui-même.

En savoir plus : Résumé exécutif du rapport annuel 2021 du Haut Conseil pour le Climat

Au lieu d’accélérer ses efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, Emmanuel Macron et le gouvernement ont jugé préférable de baisser leurs objectifs ! L’exécutif a ainsi choisi d’autoriser la France à émettre plus de gaz à effet de serre que prévu pour la période 2019-2023. Emmanuel Macron est ainsi allé à l’encontre des recommandations du Haut Conseil pour le Climat. Il a surtout délibérément choisi de remettre à plus tard des décisions pourtant urgentes, quitte à rendre beaucoup plus difficiles les efforts à fournir dans les années qui viennent. La France n’est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre son objectif de -40% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030… alors même que cet objectif est bien plus modeste que celui aujourd’hui fixé par l’Union européenne de -55%.

En savoir plus : Feuille de route climat : la France abaisse ses ambitions sur les émissions de CO2 (Novethic, 21 janvier 2020)

Malgré les multiples alertes d’organisations environnementales comme la nôtre, mais aussi du Haut Conseil pour le Climat, du Conseil Economique Social et Environnemental et du Conseil national de la transition écologique, Emmanuel Macron n’a pas redressé la barre. Fait inédit en France, la justice a reconnu la responsabilité de l’Etat dans l’urgence climatique, à deux reprises en 2021, dans les jugements de Grande-Synthe et de l’Affaire du Siècle. Dans cette dernière, portée par la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France, le tribunal administratif a estimé que le non-respect par l’Etat de ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre cause un « préjudice écologique », c’est-à-dire des dommages graves à l’environnement. L’Etat a désormais l’obligation d’agir afin de respecter ses engagements et réparer ce préjudice, après toutes ces années perdues pour le climat.

En savoir plus : L’Affaire du Siècle

« Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’Accord de Paris » : voilà ce à quoi s’était engagé Emmanuel Macron en 2018. Quelques mois plus tard en juillet 2019, avec le soutien explicite du président français, les député·es LREM votaient en faveur de la ratification du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada dont les conséquences environnementales dévastatrices ont été pointées par un rapport commandé par le gouvernement lui-même ! Le CETA concentre l’essentiel de ce qui ne va pas dans l’économie mondiale : des produits importés du bout du monde et un nivellement par le bas des normes environnementales et sanitaires. C’est la raison pour laquelle la Convention citoyenne pour le climat a réclamé son abandon en juin 2020. Il n’est pour l’instant pas encore ratifié, mais il est déjà mis en application de manière « provisoire ».

En savoir plus : CETA ou climat, il faut choisir ! (Greenpeace France)

« Il faut nous désintoxiquer des énergies fossiles », affirmait le chef d’Etat français en 2018 au moment de présenter les grands axes de sa politique énergétique. Il aura pourtant mené une politique inverse, continuant à subventionner les compagnies pétrolières et gazières.

Sur les 27 Etats membres de l’Union européenne, la France est le seul et unique pays à ne pas respecter ses objectifs de développement des énergies renouvelables. Un engagement européen et plusieurs promesses électorales ont ainsi été non tenues : Emmanuel Macron s’engageait à respecter l’objectif fixé par la loi en 2015 de réduire la part du nucléaire dans l’électricité à 50 % en développant massivement les renouvelables pour en porter la part à 50 %. Aujourd’hui, face à un parc nucléaire vétuste et défaillant, faute d’avoir développé massivement les énergies renouvelables (solaire, éolienne…) pour prendre le relais et surtout en l’absence de toute politique sérieuse d’économie d’énergie et de lutte contre le gaspillage, la France doit encore faire tourner ses dernières centrales à charbon. Une catastrophe pour le climat.

En savoir plus : La France, seul pays d’Europe à ne pas avoir atteint ses objectifs d'énergies renouvelables (Alternatives économiques, 27 janvier 2022)

Il ne restait au début du mandat d’Emmanuel Macron que quatre centrales à charbon en opération en France, fonctionnant ponctuellement mais fortement émettrices de gaz à effet de serre. Il s’était engagé à toutes les fermer au plus tard en 2022. Deux ont bel et bien cessé leurs activités : la centrale Gardanne-Meyreuil et la centrale du Havre. Une troisième, celle de Saint-Avold est censée s’arrêter en mars 2022. Pour la quatrième, la centrale de Cordemais, la fermeture n’est désormais pas envisagée avant 2024… voire 2026. Une nouvelle promesse non tenue pour le climat.

En savoir plus : La fermeture des centrales à charbon aura lieu d’ici 2022 (communiqué du Ministère de l’écologie, 16 janvier 2020)

« La France est le premier pays du monde à interdire les nouvelles exploitations et l’exploration des hydrocarbures », peut-on lire dans une communication de la majorité présidentielle, faisant référence à la « loi hydrocarbures » votée en 2017. Mais le diable se cache dans les détails : cette loi ambiguë laisse le champ libre au renouvellement des concessions et à la prolongation des permis en cours. Un an après son entrée en vigueur, la France avait ainsi autorisé la poursuite de 18 projets d’hydrocarbures. Plus récemment, l’Etat français a annoncé rejoindre l’alliance Beyond Oil & Gas… qui ne lui impose aucune échéance ni contrainte et n’implique aucune nouvelle ambition politique. En outre, ces effets d’annonce n’auront qu’un impact très limité : la France importe 99% des hydrocarbures qu’elle consomme… et sur le volet consommation, le bilan est quasi nul.

En savoir plus : Depuis un an, la France autorise la poursuite de 18 projets d’hydrocarbures (France Info, 3 décembre 2018)

La politique d’Emmanuel Macron sur le gaz fossile illustre bien son rôle de champion du double discours : face, il annonce à la COP26, en novembre 2021, rejoindre l’initiative internationale Beyond Oil & Gas sur la sortie des énergies fossiles ; pile, il continue de mener une diplomatie pro-gaz, comme à Bruxelles où la France soutient l’inclusion du gaz fossile dans la taxonomie européenne (classement des activités économiques vertes, c’est-à-dire favorables à la transition énergétique et durables, et celles qui ne le sont pas, afin d’aligner les flux financiers sur les objectifs climatiques européens et l’Accord de Paris).La France, a révélé son vrai visage dans le cadre des négociations européennes sur la taxonomie : celui d’un État prêt à tout pour sauver son industrie nucléaire quitte à signer une alliance toxique avec d’autres Etats membres pro-gaz et à saboter la transition énergétique européenne en détournant des centaines de milliards d’euros de financements vers des énergies climaticides ou polluantes. En effet, le gaz fossile contribue directement au dérèglement climatique. Le nucléaire, bien que faiblement carboné, est quant à lui trop cher, trop dangereux, générateur de déchets et trop lent à mettre en place pour répondre aux défis environnementaux.

En savoir plus : Taxonomie : l’inclusion du nucléaire et du gaz est un hold-up sur la transition énergétique européenne (Greenpeace France, 2 février 2022)

Le président français Emmanuel Macron aux côtés de Patrick Pouyanné, PDG de la multinationale des énergies fossiles Total lors de la visite d'Industreet, campus de formation aux métiers de l'industrie créé par la Fondation Total à Stains (Seine-St-Denis), le 1er mars 2021. Photo : Romain Gaillart/Pool/ABACAPRESS.COM

Durant son mandat, Emmanuel Macron a écarté méthodiquement des mesures qui auraient permis d’encadrer et limiter les activités d’industries néfastes pour le climat. En parallèle, des dizaines de milliards d’euros d’argent public sont allés dans les poches de ces mêmes industries.

Contrairement aux belles promesses d’Emmanuel Macron, la politique qu’il a menée durant cinq ans a conduit à massivement soutenir les énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre. Selon la Cour des comptes européenne, la France fait partie des quinze derniers pays européens qui subventionnent davantage les énergies fossiles que les renouvelables ! Entre les exonérations, taux de taxe réduits, garanties à l’export et investissements, le Réseau Action Climat (RAC) a chiffré le montant que la France a offert aux énergies fossiles à au moins 11 milliards d’euros en 2019. Et cela s’est aggravé encore au fil des ans : toujours selon une estimation du RAC, les dépenses publiques néfastes au climat et à l’environnement pour l’année 2022 devraient atteindre au moins 25 milliards d’euros. Cela sans même prendre en compte les milliards d’euros d’aides accordés à des entreprises polluantes (dont le secteur aérien) pendant la crise Covid sans contreparties environnementales et sociales solides.En savoir plus : 25 milliards d’euros de dépenses néfastes pour l’environnement (RAC, 21 octobre 2021)

Parmi les 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, composée de 150 citoyennes et citoyens tirés au sort, Emmanuel Macron a immédiatement rejeté celle appelant à taxer les dividendes. Le principe était d’instaurer une taxe de 4 % sur les dividendes distribués au-delà de 10 millions d’euros et de 2 % sur ceux en dessous de ce montant. Motif du « joker » d’Emmanuel Macron, qui s’était engagé à reprendre les propositions de la CCC « sans filtre » : cela pénaliserait l’investissement… Or c’est bien là toute la question, comme nous l’avons expliqué dans un rapport. Ces dividendes versés à coups de milliards d’euros chaque année par les grandes entreprises polluantes à leurs actionnaires récompensent les investissements dans les énergies fossiles qui ont des conséquences catastrophiques sur le climat.En plus de ce « joker » et de deux autres, Emmanuel Macron et sa majorité ont par ailleurs vidé de leur substance l’ensemble des propositions de la CCC.

En savoir plus : Climat et dividendes, l’argent du chaos (rapport de Greenpeace France, 7 mai 2020)

Contrairement aux demandes des ONG et de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), le gouvernement n’a pas interdit toutes les publicités à caractère climaticide, mais seulement celles pour les énergies fossiles, pourtant réduites d’elles-mêmes à la portion congrue depuis longtemps. Mais un recul peut en cacher un autre : alors que cette disposition devait entrer en vigueur en 2022, le gouvernement a décidé d’accorder une dérogation d’un an minimum pour le gaz (une source d’énergie pourtant fortement émettrice de gaz à effet de serre), confirmant par là son positionnement pro-gaz, observé par ailleurs au niveau diplomatique (par exemple dans la controverse sur la taxonomie verte européenne).

En savoir plus : 7 bonnes raisons de mettre fin à la publicité des entreprises fossiles (Greenpeace France)

Défendu par plusieurs groupes politiques dans les discussions budgétaires à l’Assemblée nationale, notamment lors du projet de loi de finance 2021, l’ISF climatique a reçu un avis défavorable de la part du gouvernement et s’est trouvé rejeté par la majorité, sans le moindre argument exposé. Il s’agit pourtant d’une mesure essentielle pour aller vers plus de justice sociale et environnementale, en interrogeant la responsabilité des ménages les plus fortunés dont le patrimoine financier pèse lourd sur le climat. Leur contribution à l’effort à la fois budgétaire et climatique doit être proportionnelle à leurs moyens et leur responsabilité.La mobilisation des Gilets jaunes contre la taxe carbone a démontré que la question de l’acceptabilité sociale constituait un élément clé de la transition écologique. Emmanuel Macron est passé à côté de cet enjeu décisif, ce qu’il a confirmé en refusant l’ISF climatique. L’effort général de sobriété ne sera possible que si le sentiment d’inégalité, largement partagé aujourd’hui en France, est combattu dans les faits. La population française est prête à faire des efforts pour le climat, mais si ceux-ci sont équitablement répartis.

En savoir plus : L’argent sale du capital : pour un ISF climatique (rapport de Greenpeace France, octobre 2020)

Le secteur des transports reste le premier émetteur de gaz à effet de serre en France. Un retard considérable a été pris dans ce domaine sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Hors crise sanitaire, les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports ont quasiment stagné, alors qu’elles auraient dû baisser drastiquement. Les mesures mises en place ont été très insuffisantes, voire ont contribué à aggraver le changement climatique.

Au terme de plus de 50 ans d’opposition, Emmanuel Macron a finalement tranché : le 17 janvier 2018, le projet absurde d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes était enfin abandonné. Mais cette décision logique a été suivie d’une répression d’une grande violence, avec l’expulsion de personnes et de collectifs et la destruction de lieux alliant préservation de l’environnement et solidarité. Cette décision ne peut pas servir de trophée pour le climat car, derrière ce symbole, le président et son gouvernement n’ont en fait absolument pas tourné la page des projets inutiles, coûteux, nuisibles et climaticides, notamment dans le secteur aérien. La proposition de la Convention citoyenne pour le climat d’interdire tout projet d’extension d’aéroport a ainsi été vidée de sa substance dans la loi Climat et résilience adoptée en juillet 2021. Résultat : sur la dizaine de projets d’extension d’aéroport à l’étude sur le territoire français au moment de l’adoption de la loi, aucun n’était remis en cause par cette dernière.

En savoir plus : Extension d’aéroports : l’esquive du gouvernement (Réseau Action Climat)

Entre 2016 et 2019, les émissions du transport aérien intérieur en France ont augmenté de12,8 % et le transport aérien international suit la même tendance ! Seule la pandémie aura changé la donne, de façon conjoncturelle. Selon l’Association du transport aérien international (IATA), le trafic aérien pourrait encore doubler d’ici 2037.Dans ce contexte, l’obsession d’Emmanuel Macron et de son gouvernement a été de renouer avec le niveau et la croissance du trafic aérien pré-Covid, qui sont pourtant intenables d’un point de vue climatique. Au cœur de la crise Covid, pas moins de 17 milliards d’euros ont été versés en soutien au secteur aérien sans contrepartie environnementale ou sociale solide ! Aucune mesure structurante n’a été prise pour réguler et réduire le trafic aérien et ses émissions de gaz à effet de serre, l’exécutif préférant se cacher derrière la promesse d’un avion vert hypothétique et lointain et dont on sait qu’il ne suffira pas dans tous les cas à remettre le secteur aérien sur les rails de l’Accord de Paris.Parallèlement, le gouvernement annonçait en septembre 2020, dans le cadre du plan « France Relance », vouloir investir dans le train, en débloquant 4,7 milliards d’euros… Une somme qui a essentiellement servi à amortir l’impact économique de la crise sanitaire et à réaliser des travaux déjà programmés, seuls 650 millions d’euros ayant permis de nouveaux investissements.

En savoir plus : Climat : verdir les avions ne suffira pas (brief de Greenpeace France, 2021)

La Loi d’Orientation Mobilité (LOM) publiée fin 2019 interdit la vente des voitures particulières et des véhicules utilitaires légers neufs utilisant des énergies fossiles (c’est-à-dire à essence, diesel et hybrides), d’ici à 2040. Cette date trop tardive ne permet pas de répondre aux objectifs de réduction du secteur fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), et encore moins à ceux fixés par le nouveau paquet climat européen « Fit for 55 » . Le Président Macron et le gouvernement freinent d’ailleurs aujourd’hui, sur ce sujet, le Green Deal européen.Des milliards ont été engagés dans le cadre de la crise sanitaire en soutien à la filière automobile, sans imposer une transformation en profondeur de cette industrie, sans accélérer la fin de vente des véhicules roulant aux énergies fossiles, sans chercher à aider les Françaises et les Français à sortir de la dépendance néfaste à la voiture individuelle et sans mettre un coup d’arrêt à la logique du tout SUV des constructeurs, malgré l’impact décuplé de ces véhicules plus lourds sur le climat et l’environnement. Il reste notamment beaucoup à faire pour accompagner spécifiquement les ménages les plus modestes dans la transition vers des véhicules moins polluants ou, quand c’est possible, vers d’autres modes de transport.De plus, en l’état, la France n’est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs sur le report de transports polluants au profit de mobilités moins polluantes (ferroviaire, transport en commun, marche et vélo). Les leviers de réduction du trafic automobile, de développement de l’autopartage, et d’accroissement du report modal doivent absolument être renforcés pour faire baisser les émissions du secteur du transport routier.

En savoir plus : Climat : en 2028, exit les voitures essence, diesel et hybrides (Greenpeace France, septembre 2018

Emmanuel Macron en visite au Salon de l'agriculture le 1er mars 2017, alors en pleine campagne électorale de la Présidentielle 2017. Photo : Lionel Préau

Dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, la politique d’Emmanuel Macron et de sa majorité s’est surtout illustrée par sa grande proximité avec les lobbies. Concrètement, un bon nombre de décisions ou de postures, notamment au niveau européen, n’ont pas permis de répondre à la crise climatique et à celle de la biodiversité, voire les ont aggravées. C’est le modèle agro-industriel, pourtant néfaste sur les plans sociaux, économiques, sanitaires et environnementaux, qui a clairement été privilégié lors de ces cinq années.

Le Président Macron et ses ministres ont très souvent soutenu le statu quo climatique. C’est le cas sur la réforme de la Politique Agricole Commune où la France s’est finalement ralliée au nivellement vers le bas de la réforme, ignorant la double crise du climat et de la biodiversité à laquelles sont et seront confrontés de plus en plus les agriculteurs et agricultrices. Pire, alors que l’Union européenne a adopté une stratégie visant à aligner l’agriculture avec les objectifs du Green Deal européen, « de la Ferme à la Fourchette », la France a signalé son opposition quant à l’ajout de nouvelles obligations environnementales pour l’agriculture.

En savoir plus : Vote de la PAC, les eurodéputé·es abandonnent le monde paysan et la nature (Greenpeace France, 23 octobre 2020)

Emmanuel Macron s’est engagé à sortir progressivement des pesticides, en commençant par l’élimination des plus dangereux pour la santé et pour la biodiversité. La France est pourtant loin du compte : si la vente des pesticides a bien diminué de 20 % en 2020 par rapport à la moyenne 2012-2017, le total des volumes vendus cette année-là représente +23% par rapport à 2019. Les ventes de glyphosate en particulier ont fortement augmenté en 2020 par rapport à 2019 (+43%) et sont en très légère baisse entre 2017 et 2020 (-2%) malgré l’annonce du Président d’en supprimer l’usage : un « échec » , reconnaîtra-t-il lui-même en 2021. Emmanuel Macron changera également de posture en ce qui concerne les néonicotinoïdes : alors qu’une interdiction devant prendre effet en 2020 avait été votée en 2016 sous l’impulsion de Barbara Pompili, alors députée, le gouvernement revint en arrière en 2020 avec l’obtention de dérogations pour préserver la filière sucrière.

En matière de protection des riverain·es, le gouvernement a préféré écouter la FNSEA plutôt que la société civile, qui réclamait une distance de 150 mètres entre les habitations et l’épandage de pesticides : les agriculteurs ont donc le droit de s’approcher jusqu’à 5 mètres des habitations pour les cultures basses comme les céréales et les légumes, 10 mètres pour les cultures hautes comme la vigne ou les arbres fruitiers, et 20 mètres pour les produits « les plus dangereux ». Et en 2020, de nombreuses dérogations avaient déjà été accordées : des mesures insuffisantes pour préserver la santé des personnes vivant près des champs. En 2021, des associations ont porté le sujet auprès du Conseil d’Etat, qui leur a donné raison et a sommé l’Etat de revoir sa copie. Ce dernier a préféré renvoyer la balle à l’ANSES.

Il aura fallu que les organisations paysannes et environnementales mènent un combat acharné pour ne pas perdre totalement le soutien du gouvernement. Dès la première année du quinquennat, le ministre de l’agriculture annonce la fin des aides au maintien de l’agriculture biologique en arguant que le marché est suffisamment dynamique pour assurer la pérennité économique des exploitations. Quelques années plus tard, le gouvernement annonce ses arbitrages sur la déclinaison française de la PAC : une fois de plus, la bio fait partie des grandes perdantes. En parallèle, le gouvernement abandonne l’objectif d’atteindre les 15% des surfaces agricoles utiles en bio en 2022 et se fait condamner pour retards de paiement des aides aux exploitations en agriculture biologique (allant parfois jusqu’à trois ans).

Le dernier ministre de l’Agriculture du quinquennat, Julien Denormandie, est particulièrement apprécié de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire qui défend le modèle agro-industriel. Et pour cause : il répond à toutes leurs attentes. Le fait le plus édifiant est probablement la création de la cellule Demeter. Officiellement créée pour lutter contre « les atteintes au monde agricole », ses gendarmes intimident et censurent les alternatives écologistes. Des missions en partie illégales, selon un jugement du 2 février 2022 du tribunal administratif de Paris.

L’élevage est responsable d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre et contribue directement à l’érosion de la biodiversité, notamment du fait de l’import, pour nourrir nos animaux d’élevage, de soja OGM ayant contribué à la destruction d’écosystèmes en Amérique latine. Par ailleurs, le nombre de fermes en France a chuté ces vingt dernières années au profit d’un agrandissement des plus gros élevages. Il est aujourd’hui urgent de réduire nos niveaux de production et de consommation de viande d’une part, et de soutenir la création et la conversion de fermes vers des pratiques écologiques et intensives en emplois. Malgré les multiples demandes de la société civile en ce sens, le gouvernement n’a pris aucune mesure pour cela. Il a au contraire reporté sa responsabilité sur les différents secteurs concernés qui ont rédigé des « plans de filière » et mis en place une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) sans moyens d’action ni mesure contraignante. La seule mesure du quinquennat en faveur du moins de viande concerne l’introduction de menus végétariens dans les cantines, mesure obtenue de haute lutte grâce au travail des parlementaires et à laquelle le gouvernement s’est longtemps opposé.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement et son ministre de l’Agriculture portent comme vision de l’agriculture le triptyque « Robotique, génétique, numérique ». Plus de robotique et de numérique, cela signifie plus d‘imports de terres rares et autres matériaux issus de l'extraction minière et donc plus de fragilité face aux aléas des marchés mondiaux, plus de dépendance des agriculteurs au matériel et savoir-faire des multinationales et aux start-ups qui créent et contrôlent ces technologies. Plus de génétique, cela signifie plus d’OGM et donc plus de dépendance encore aux multinationales qui en détiennent les brevets, sans compter les risques pour l’environnement et la santé. Sur le sujet des OGM, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a affirmé que les nouveaux OGM (nouvelles techniques de manipulation génétique encore appelées New Breeding Techniques) n’étaient pas… des OGM. Une contre-vérité, non démentie par le chef de l’Etat qui a lui-même évoqué publiquement leur utilisation dans sa vision de l’agriculture. Par ailleurs, le gouvernement est toujours « hors-la-loi », refusant d’appliquer une injonction du Conseil d’Etat de février 2020 sur certaines variétés d'OGM cultivées et commercialisées sans autorisation. Le modèle agricole promu par Emmanuel Macron est à visée résolument productiviste et extractiviste.

Comme dans d’autres domaines, Emmanuel Macron a utilisé plusieurs événements internationaux pour se poser en champion de la biodiversité. Mais là aussi, la politique que le président français a menée s’est révélée très insuffisante, voire néfaste, que ce soit pour les océans, les forêts ou la biodiversité animale.

Côté vitrine, Emmanuel Macron a annoncé vouloir soutenir l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici 2030 et a reconnu la nécessité d’un traité international sur la haute mer. Nous militons activement pour ces deux objectifs et devrions donc nous en réjouir. Sauf que, pendant cinq ans, ces beaux discours ont été trahis par les actes. En France, le gouvernement a adopté une stratégie sur les aires marines protégées peu ambitieuse, refusant tout bonnement de suivre les critères scientifiques établis par l’UICN, l’organisation internationale de référence sur la protection de la biodiversité. Le gouvernement continue également à défendre les intérêts des gros pêcheurs industriels. Enfin, Emmanuel Macron soutient l’extraction minière dans les grands fonds, avec le risque que ce type d’activité démarre d’ici un an alors que la communauté scientifique et plus de 80 Etats défendent un moratoire.En savoir plus : Non à l’exploitation minière en eaux profondes (Greenpeace, février 2022)

« Nous devons répondre à l’appel (...) de la forêt qui brûle aujourd’hui en Amazonie » déclarait pompeusement Emmanuel Macron dans une « adresse aux Français » diffusée sur Youtube juste avant l’ouverture du G7 à Biarritz, le 24 août 2019, alors que des méga-feux, tout sauf naturels, ravageaient la forêt amazonienne. Quel lien entre la déforestation en Amazonie et la France ? Nous consommons une grande quantité de viande, notamment de porcs et de poulets alimentés par du soja majoritairement importé du Brésil. Or la culture de ce soja (le plus souvent différent de celui destiné à la consommation humaine), contribue à la destruction d’écosystèmes sud-américains, comme l’Amazonie ou le Cerrado. C’est ce qu’on appelle la « déforestation importée ». Le gouvernement a adopté une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) en novembre 2018, avec pour objectif d’interdire, d’ici 2030, toutes nos importations ayant contribué à la déforestation. Mais ces bonnes intentions sont restées lettre morte. Depuis la publication de cette stratégie, la France a importé plus de 5 millions de tonnes de soja pour alimenter ses élevages. Très clairement, le président français a privilégié la communication et l’attentisme à l’action concrète face au saccage des écosystèmes sud-américains par l’agriculture industrielle.

En savoir plus : Déforestation importée : aux actes ! (Greenpeace France, 31 mai 2021)

Là encore, Emmanuel Macron aura montré ses deux facettes : l’une internationale, lorsqu’il a accueilli le Congrès mondial de la biodiversité à Marseille en septembre 2021, occasion de faire un grand discours et des promesses vagues, sans aucune action concrète ; l’autre nationale, qui n’a pas hésité à prendre des décisions scandaleuses et destructrices pour la faune. Comme le rappelle la LPO, quelques jours seulement après le Congrès de Marseille, « le chef de l’Etat ordonnait la mise en consultation de projets d’arrêtés autorisant le piégeage traditionnel des oiseaux, ignorant des jugements de la Cour de Justice de l’Union européenne et du Conseil d’Etat ». « En France, rarement un chef de l’Etat aura fait autant de cadeaux et accordé autant de passe-droits au monde de la chasse », déplore également la LPO, alors que notre pays « continue de permettre la destruction d’espèces en danger inscrites sur les listes rouges de l’UICN ».

En savoir plus : La LPO évalue sévèrement le bilan biodiversité d’Emmanuel Macron (LPO, octobre 2021)

Interdits en 2018 avec dérogations possibles jusqu’en 2020, en application d’une loi portée par Barbara Pompili en 2016, sous le quinquennat de François Hollande, les néonicotinoïdes ont obtenu de nouvelles dérogations au cours du mandat d’Emmanuel Macron… avec la même Barbara Pompili, cette fois promue ministre de la Transition écologique ! Si ces pesticides avaient été interdits, c’est qu’il y avait de bonnes raisons : ils ont un impact nocif sur les pollinisateurs, comme les abeilles, et constituent une pollution durable qui se diffuse aussi bien dans l’air, le sol ou l’eau. En autorisant une dérogation permettant à l’industrie de la betterave d’utiliser ces néonicotinoïdes, la majorité LREM a acté un recul majeur, symptomatique de son mépris des enjeux écologiques.

En savoir plus : Néonicotinoïdes : des petits pas aux grands passe-droits ? (Greenpeace France, 5 octobre 2020)

Devant un parterre de la « French Tech », intervenant sur le plan de relance économique le 14 septembre 2020, Emmanuel Macron a raillé celles et ceux qui osent questionner le déploiement de la 5G : « J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle amish ». Le président français reprenait ainsi à son compte une vision caricaturale et stigmatisante, en injuriant à la fois les citoyen·nes et les scientifiques. Quelques mois avant, la Convention citoyenne pour le climat (constituée de citoyen·nes tiré·es au sort, organisée à sa demande) avait effectivement proposé un moratoire sur la 5G, tandis que le Haut Conseil pour le Climat (composé de scientifiques et lui aussi mis en place par Emmanuel Macron…) pointait les impacts climatiques de cette technologie et recommandait des évaluations plus poussées.Plus globalement, c’est une tentative extrêmement grossière d’évacuer le débat sur l’enjeu de sobriété (c’est-à-dire comment réduire et maîtriser la consommation d’énergie et de ressources naturelles), de faire croire qu’il n’y a pas de problème avec le système économique actuel, et de freiner la transition en la présentant comme angoissante et rétrograde.

Plusieurs grandes marches pour le climat ont eu lieu, aux quatre coins de la France, avant la crise sanitaire. Ces événements ont réussi à rassembler des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreuses familles, venues manifester pacifiquement pour que des actions urgentes soient prises face au changement climatique. Toutes n’ont pas pu se dérouler dans de bonnes conditions, notamment la marche du 21 septembre 2021 à Paris, marquée par une répression sans précédent et un climat de peur : tirs de gaz lacrymogène au milieu d’une foule de manifestant·es pacifiques, dont des personnes âgées et des enfants, encerclement policier de centaines de personnes par la technique des « nasses » (jugée illégale par le Conseil d’Etat)… Des violences condamnées par les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International.En savoir plus : Marche climat / violences policières (Amnesty International, 22 septembre 2019)

Le quinquennat d’Emmanuel Macron aura été marqué notamment par la création d’une cellule de gendarmerie d’une nature inédite, née d'une convention signée en 2019 avec la FNSEA, syndicat agricole majoritaire et ardent défenseur de l’agro-industrie. L’une de ses missions, décrites par le ministère de l’intérieur, consiste à prévenir « des actions de nature idéologique », allant de « simples actions symboliques de dénigrement » à « des actions dures ». En clair : réprimer les militant·es écologistes qui s’opposent au modèle agricole productiviste et polluant. Une mission illégale, selon un jugement du 2 février 2022 du tribunal administratif de Paris. Dans la même veine, les opposant·es au projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, à Bure, ont subi ces dernières années une surveillance et une répression d’une ampleur inédite : hélicoptères, écoutes, géolocalisation, balisages, interrogatoires, valises espionnes… Une enquête du quotidien Libération détaille des moyens « titanesques », non justifiés, alors que la justice en manque cruellement dans d’autres domaines.

En savoir plus : Quand l’Etat fait la guerre aux associations environnementales (dossier de Libération)

En Bretagne et dans les Hauts-de-France, plus besoin de recueillir l’avis de toute la population quand un projet ayant des impacts conséquents sur l’environnement et le voisinage est envisagé. Depuis la loi dite « Essoc », un décret permet « à titre expérimental » de supprimer purement et simplement les enquêtes publiques avec la présence de commissaires enquêteurs sur certains projets industriels dans ces deux régions, pourtant déjà fortement polluées par l’agro-industrie. La participation des riverain·es, les échanges et réunions publiques, la synthèse et formulation d’un avis favorable ou défavorable par les commissaires enquêteurs sont remplacés par une simple « consultation électronique ». Une véritable amorce de démantèlement environnemental, poursuivie avec une autre loi, dite « Asap ».En savoir plus : Suppression des enquêtes publiques : la démocratie menacée (Greenpeace France, 8 février 2021)

Sous ce quinquennat, la majorité présidentielle a fait passer à plusieurs reprises des amendements permettant de réprimer plus fortement les militant·es écologistes, que ce soit par la création de nouveaux délits ou de nouvelles entraves à la liberté d’association. La loi dite « séparatisme » et ses dispositions floues pourraient ainsi avoir un impact sur les associations qui dénoncent, par des actions de désobéissance civile, les atteintes à l’environnement. Dans une autre loi, « portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne dans le domaine des transports, de l’environnement, de l’économie et des finances », c’est un nouveau délit d’intrusion sur des pistes d’aéroport qui a été créé en douce… peu de temps après deux actions de militant·es écologistes dénonçant un projet d’extension d’aéroport et l’absence de mesures pour réduire le trafic aérien, néfaste pour le climat.

En savoir plus : Activisme climat : un nouveau projet de loi pour réprimer la désobéissance civile (Greenpeace France, 5 juillet 2021)

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Crédit photo haut de page : Stephane Lemouton/Pool/ABACAPRESS.COM

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